Bon, Drärk a insisté...
A quoi rêvent les aliens ? Que se passe-t-il sous le crâne d’un terminator en chasse ? Pour connaître la réponse à ces énigmes, vous vous êtes muni de l’équipement indispensable à tout explorateur des plus sombres régions de la conscience : un bon casque, et le cd mix Bioméchanik 3, the final chapter. Poussez le volume, fermez les yeux, voilà. Des paysages lunaires ne vont pas tarder à apparaître, des surfaces de magma en fusion où rampent des formes de vie métalliques aux mâchoires agressives. Trop tard pour reculer, un labyrinthe de conscience hachurée où surnagent quelques archétypes vaguement humains (des voix sépulcrales, des bébés morts, des femmes robot…) vous a déjà happé. Vous émergez dans un espace sans âge aux contours mouvants et incertains. De gros insectoïdes aux yeux ronds et vides et aux mandibules chitineuses sont occupés à sculpter un énorme bloc de métal noir, lui conférant la forme d’une colossale idole assise qui déjà semble s’animer dans des gerbes d’étincelles. Vous restez dissimulé. On ne vous a pas vu et c’est sans doute préférable tant la présence humaine paraît étrangère à ce recoin de l’espace-temps. Vous progressez le long de couloirs de ténèbres transpercés de jets de vapeur puante. Le vacarme alentour est proprement infernal. Dans la pénombre vous discernez d’étranges machines de métal oxydé. Des pistons, des lames, des pompes, des tubes, tout un pandémonium industriel au service de quelque mécanique aveugle, froide et cruelle.
Soudain un jet de lumière vous terrasse, une sorte d’onde sonore aux contours acérés vous transperce de part en part, des câbles jaillissent d’une des machines, fouettant l’air, et viennent s’implanter dans votre corps. Vous vous convulsez au sol tandis qu’un réseau complexe de veines métalliques recouvre et perfore votre chair, vous inoculant…quelque chose. C’est autant de terreur que d’extase : déchiré, vous vous sentez investi d’une puissance nouvelle, d’une énergie inhumaine, lumineuse et glaciale. Vous sentez comme dans un rêve votre corps se désarticuler puis reprendre forme, une autre forme...
Lorsque vous vous relevez votre regard est vague, un sourire dément barre votre face ravagée d’androïde. Au loin les insectes ont achevé leur œuvre, l’idole monstrueuse masque l’horizon, elle vous ressemble trait pour trait et lorsqu’elle ouvre les yeux c’est comme si vous distinguiez à sa place : votre salon, le voisinage ordinaire par la fenêtre, la rassurante illusion d’une réalité quotidienne. Le silence s’installe tandis que votre double métallique, qui semble peu à peu se couvrir d’une matière identique à la peau humaine, ouvre le lecteur et range le CD dans son boîtier.